En 1980, sort sur les écrans français,  le film de François Truffaut,“le dernier métro”.

Il remportera l’année suivante dix César, dont les cinq plus prestigieux : celui du meilleur film,  meilleur réalisateur,  meilleur scénario, meilleur acteur et meilleure actrice ! Le film sera le plus grand succès commercial du réalisateur et l’affiche, elle aussi est restée dans les mémoires.

Quelques mots sur le film

L’action du dernier métro se situe dans le Paris occupé de septembre 1942.

Le directeur du Théâtre Montmarte, d’origine juive, a dû fuir en zone libre pour échapper à la Gestapo. Sa femme Marion Steiner reprend les rênes du théâtre alors qu’une nouvelle pièce est en répétition avec un jeune premier incarné par Gérard Depardieu… Truffaut explore un thème qui lui est cher, celui du trio amoureux transposé ici dans le Paris des années noires.

Le film rend hommage au théâtre et aux acteurs, le casting en est le reflet, avec deux immenses stars : Catherine Deneuve et Gérard Depardieu et de très grands seconds rôle. Jean Poiret en metteur en scène pétillant, Heinz Bennet grand acteur de théâtre allemand, alors célèbre en France dans les années 80, Andréa Ferréol, superbe en costumière amoureuse de Catherine Deneuve. Maurice Rich, en concierge dévoué, malheureusement acteur plus souvent cantonné aux nanars des années 70. Pour terminer, Sabine Haudepin, actrice petite fille dans deux autres grands films de François Truffaut “Jules et Jim” et la “Peau douce” (et qui retrouvera Catherine Deneuve dans “Hôtel des Amériques”). Enfin Paulette Dubost grande actrice de cinéma, des années 30 aux années 60 et pour la petite histoire, “la paulette” de la chanson d’Yves Montant “à bicyclette”.

L’anecdote : Même si l’histoire de ce directeur de théâtre juif caché dans les sous-sols de son théâtre pendant l’occupation est une pure invention de François Truffaut, cette situation a été vécue et rapportée au réalisateur par le musicien Vladimir Kosma et le  décorateur Alexandre Trauner qui travaillaient tous deux clandestinement sous de faux noms  pour les films de Marcel Carné.

ANALYSE DE L’affiche du film

Pour ce projet aussi, Ferracci a dû faire avec les contraintes liées aux contrats des stars et acteurs et aux impératifs des distributeurs.

Défi relevé : les deux acteurs figurent à part égale sur l’affiche et la troisième star du film, Jean Poiret, y figure aussi au bas de l’affiche, encadré par deux collaborateurs, sans que cela ne dénature la composition générale. Dans ce projet, Ferracci utilise sa technique de prédilection, celle du montage photo.

Dans le coin supérieur gauche, se trouve le rideau rouge du théâtre, en forme de triangle qui s’évase en mettant en valeur l’image centrale. Depuis la fin de la guerre, le triangle rouge est devenu le symbole de la résistance aux idées d’extrême droite. Bien-sûr c’est au théâtre et aux acteurs de porter symboliquement cette résistance.

Dans le ciel noir, se découpe la silhouette de Paris, avec à côté de la Tour Eiffel, la silhouette de Montmatre, quartier dans lequel se situe l’action du film et le théâtre du même nom. La présence des deux acteurs est très forte (et répond au impératifs commerciaux) au centre de l’affiche. On les voit sortant à la fois d’une cache énigmatique et de la trappe du souffleur de théâtre, liés et complices.

Au dessus de leurs têtes sur la plaque/trappe, le contexte du film est  illustré par le poids de l’occupant avec la croix gammée déformée par la perspective. Graphiquement, Ferracci, joue sur l’effet miroir entre le haut et le bas de ce carré central.
Dans cette affiche la couleur qui domine est le rouge,  utilisée pourtant sur de petites surfaces mais de façon très habile, elle symbolise deux extrêmes : le pouvoir de l’oppresseur et le torchon rouge de Paris.

Au bas de l’affiche, les silhouettes de Jean Poiret et des collaborateurs vont dans le sens inverse de la marche et renforcent l’idée de malaise déjà largement installée avec le motif de la croix gammée.

La présence imposante de la croix gammée, provoque un sentiment de malaise, d’autant plus que la représenter ainsi est pour l’époque une véritable audace. Avant que Ferracci ne s’en empare pour son affiche, elle était réputée jusque là “intouchable”. Elle sera ensuite utilisée sur beaucoup d’autres supports et affiches, y compris par Ferracci lui même sur un autre de ses projet, de façon encore plus imposante.

Quelques malheureux exemples de déclinaisons d’affiche pour le marché italien, angais, allemand et japonais.

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